Nous voilà maintenant rendus au Cambodge, à Siem Reap, après un vol d'avion d'à peine deux heures en provenance de Kuala Lumpur. Le gars du taxi qui nous a conduit en ville nous a débarqués dans un cul-de-sac en nous pointant un guesthouse au nom semblable à ce qu'on lui avait répété maintes fois. Visiblement, comme on avait payé un prix fixe, il en avait assez de tourner en rond pour trouver le bon endroit et souhaitait qu'on débarque là. C'est ce qu'on a fait puisqu'il y avait plusieurs hébergements à proximité. On a marché 30 secondes dans cette rue et, au travers des guesthouses, il y avait un petit hôtel avec une piscine juste devant. Tentant vu la chaleur accablante. Maxime décide d'aller s'informer du prix, juste pour le fun. Surprise, ce n'est pas plus cher que ce qu'on a déjà payé et, en plus, on a le petit déjeuner d'inclu. On apprend que l'hôtel n'est ouvert que depuis trois semaines seulement, ce qui explique probablement les bas prix qui, à notre avis, ne dureront pas. On décide donc de se payer ce petit luxe étant donné qu'on sera là quatre jours et qu'on n'a pas la mer à proximité.
Là, on s'est vraiment senti comme des rois. Le personnel de l'hôtel était tellement (trop) gentil qu'on était presque mal à l'aise. Ils nous apportaient des verres d'eau dès qu'on passait un peu de temps à un endroit, des serviettes froides et humides pour se rafraichir le visage quand on revenait en fin d'après-midi, ils insistaient pour porter nos bagages et stationner nos vélos...!
Cette journée-là, on était très fatigués puisqu'on n'avait presque pas dormi de la nuit pour aller prendre l'avion. On a pris ça relaxe, on est allé explorer la ville et ses marchés et on a profité amplement de notre piscine en après-midi. Le soir, nous sommes allés manger au milieu d'un jardin de papillons assez coquet et intime. Déjà, on était charmé par la bouffe du pays.
Dès le lendemain, c'est le moment d'aller explorer la cité d'Angkor puisque c'est bien pour ça qu'on est là. Malgré les nombreuses offres des tuk-tuks pour nous faire visiter l'endroit, on choisi plutôt de se louer des vélos de montagne, d'autant plus que les ruines ne se trouvent qu'à environ cinq kilomètres de Siem Reap.
Angkor, c'était la capitale de l'Empire khmer entre les IXe et XVe siècles. Les premières constructions auraient été érigées dans les années 900. Maintenant, on dénombre une quarantaine de ces temples et autres monuments répartis sur une superficie de plusieurs kilomètres carrés. Étant donné l'immensité des lieux, c'est impossible de tout voir en une seule journée. On s'est donc pris une passe de trois jours afin d'avoir le temps d'apprécier nos visites.
C'est difficile de trouver les mots justes pour décrire cet endroit grandiose. C'est d'une beauté mystique et impressionnante. On imagine facilement la merveille que ça devait être à l'époque, avec les nombreuses statues et gravures intactes. On a suivi le conseil de Bruno Blanchet afin de vivre l'expérience de façon plus authentique et c'est pieds nus qu'on a foulé le sol de pierres de ces lieux légendaires.
Le premier matin, on a décidé de se rendre le plus loin possible et de visiter les ruines qui se trouvaient sur le chemin du retour. On a terminé la journée à Ta Prohm, le fameux temple du film Tomb Raider où la végétation a carrément pris le dessus. C'est l'un des plus détériorés, mais c'est aussi l'un des seuls dont les travaux de restauration ont été faits de manière à conserver les figuiers aux gigantesques racines qui recouvrent les murs. L'effet ''explorateur'' est garanti. En quelques minutes, on avait déjà la musique d'Indiana Jones en tête. C'est ce qui fait que c'est sans doute le temple le plus achalandé, mais comme on a fait la fermeture avec cette visite, on s'est évité pas mal de groupes de touristes qui se massent devant les points d'intérêt en se bousculant pour se faire photographier (les japonais sont les pires!).
Pour notre deuxième matin, on souhaitait voir le soleil se lever derrière Angkor Wat, l'emblème de la cité, célèbre pour ses cinq tours qui fendent le ciel. 5 h du matin, on se réveille! Le charmant personnel de notre hôtel nous avait préparé deux boites à lunch pour notre déjeuner. Pas le temps de niaiser, on enfourche nos vélos et on pédale à une bonne allure. Il fait encore nuit noire et on n'a pas de lumière. On se fait éclairer de temps à autres par les tuk-tuks qu'on dépasse tellement on a pris notre air d'aller. Arrivés à l'entrée, tout essouflés, on se rend compte qu'on n'est loin d'être les seuls à avoir eu cette idée. Il y a foule comme jamais! On se trouve un endroit où s'asseoir pour manger et attendre notre fameux lever de soleil... qui ne viendra jamais! On oublie ça les photos de cartes postales, il y a une belle couverture nuageuse (qui s'est dissipée plus tard). En plus, un immense chapiteau vert a été érigé devant l'entrée principale pour des travaux de restauration. Un peu décevant. Sans trop tarder, on se dirige pour explorer l'intérieur. À notre grande surprise, de toute la foule massée à l'extérieur, peu de gens ont par la suite franchi les portes.
Notre coup de coeur est par ailleurs allé au temple Bayon pour son architecture moins classique que les autres, son antre labyrinthique et ses gros visages sculptés aux sourires énigmatiques. Au final, ça nous a pris deux jours pour visiter les principaux temples. Il y avait beaucoup de touristes, mais jamais un très grand nombre au même endroit. Disons que ce n'était pas aussi pire qu'on l'avait imaginé. La fin de la saison haute commence à se faire sentir depuis quelques semaines et on ne s'en plaint pas!
L'aspect le plus dérangeant concerne toutefois les gens qui voulaient nous vendre des trucs. Ceux qui vendent de la nourriture et des boissons nous voient arriver de loin et nous crient après très fort en nous faisant de grands signes. Ceux qui vendent des souvenirs peuvent nous supplier d'acheter plus d'une vingtaine de fois d'affilée avec leur petit visage du Chat botté dans Shrek. "Hello lady. Buy something. Where are you from..." Certains marchent à nos côtés un long moment en se collant à nous malgré nos répétés "Non, merci". Il faut s'armer de patience! Et parmi eux, on compte plusieurs enfants qui ne vont manifestement pas à l'école.
Pour notre troisième journée, on s'est offert les services d'un tuk-tuk pour aller explorer un peu plus loin et voir la campagne du pays. On aurait préféré se louer un scouter pour y aller par nous-mêmes, mais c'est chose impossible dans la province de Siem Reap. Il serait arrivé un malheureux accident qui a fait en sorte que les autorités ont mis fin aux locations. C'est très comprenable quand on voit comment les gens conduisent dans ce pays. C'est la loi du plus gros qui prévaut et le klaxon est le seul moyen utilisé pour signaler sa présence. Nous sommes donc allés visiter un dernier temple, Banteay Srei, qui se trouve à une vingtaine de kilomètres de Siem Reap. De tout ceux qu'on a vu, c'est celui qui dénombre les parois sculptées les plus intactes et impressionnantes. On raconte même que ce sont des femmes qui auraient effectué le travail étant donné la finesse des traits. Malheureusement, on a eu droit cette fois à une dense foule de touristes, la pire de toutes et de loin!
Puis, on souhaitait voir Kampong Phluk, un des villages flottants qui borde l'énorme lac Tonlé Sap. Nous sommes dans la saison sèche depuis un petit moment et ça se voit! Les champs de riz sont complètement asséchés et il y a de la poussière dans l'air. Par endroits, on voit les arbres et les maisons presque entièrement recouverts d'une bonne couche de la poussière orangée qui s'est échappée de la route. Au bout d'un bon moment, notre conducteur s'arrête et nous dit qu'il faut payer le droit d'entrée pour visiter le village flottant. On avait pris la peine de lui demander la veille s'il y avait un frais d'entrée et il nous avait dit non. En plus, il s'avère que le prix à payer est du vrai vol. On est très furieux et on le démontre. Maxime tente de trouver une autre issue et de négocier un meilleur prix, sans succès. On fini par décider quand même d'y aller, en espérant que ça en vale le coup pour le prix. Une fois au bord de l'eau, il y avait des dizaines et des dizaines de bateaux d'accostés et on en a eu un pour nous tous seuls. Au moins, ça s'annonçait tranquille côté touristes.
La rivière était navigable, mais presque asséchée, ce qui fait qu'il n'y avait plus d'eau autour des maisons sur pillotis. On repassera pour le village flottant! Le comble toutefois, ce sont les gens. On sait que d'ordinaire les Cambodgiens sont très charmants, accueillants et souriants. Quand on se promène dans les villages, les gens, et surtout les enfants, nous disent fréquemment "Hello" en nous envoyant la main. Il s'avère même qu'on avait lu une description semblable pour ce petit village de pêcheurs. Malheureusement, la réalité n'a pas été aussi rose. Les gens nous regardaient passer avec un visage impassible. De tout le trajet, pas un seul sourire. Pas même de la part des enfants. Visiblement, les habitants ont eu leur quota de touristes pendant la saison haute qui vient de passer. On s'est senti mal à l'aise comme jamais. Je rangeais mon appareil photo dès que je voyais quelqu'un, gênée d'avoir l'air d'une voyeuse. Pas besoin de vous dire que nous sommes partis de là avec un sentiment très très amer.
Ce soir-là, comme les précédants, on a sauté dans la piscine et on est parti manger et flâner dans les différents marchés en ville.
Pour la suite, on s'est dirigé vers Battambang.
Lauréanne